Le Monde.fr : Budget de la Sécurité sociale : le ministre de l’économie, Antoine Armand, marque son soutien aux entreprises
« Attention à l’impôt de trop », alerte le ministre, dans un entretien au « Parisien », alors que plane notamment une contribution patronale au financement des transports en commun.
Le Monde avec AFP
Publié le 21/11/2024
Après la réduction par le Sénat des allégements de cotisations patronales dans le budget de la Sécurité sociale (PLFSS), le ministre de l’économie, Antoine Armand, alerte sur la tentation de vouloir taxer davantage les entreprises.
Ces dernières « ne doivent pas être la variable d’ajustement », prévient-il dans un entretien au Parisien, publié mercredi 20 novembre en soirée.
Les suppressions d’allégements de charges, même réduites à 3 milliards d’euros par le Sénat mardi soir – contre 4 milliards dans le texte initial du projet de budget de la Sécurité sociale (PLFSS) – déplaisent aux entreprises et au camp macroniste, car elles paraissent aller à rebours de la politique de l’offre soutenue quasi sans faille depuis 2017.
« Ma famille politique porte un message : ce n’est pas en matraquant les entreprises et en augmentant le coût du travail qu’on crée de l’emploi et de la croissance », remarque M. Armand. « Le groupe EPR [Ensemble pour la République] a raison d’insister : il faut aller le plus loin possible pour préserver les allégements de cotisations », poursuit-il, ajoutant : « Attention à l’impôt de trop ! », alors que plane l’idée d’une augmentation du versement mobilité, contribution patronale au financement des transports en commun.
« Je suis ministre de Michel Barnier et surtout j’appartiens à la famille Ensemble pour la République. Arrêtons d’avoir peur des mots : nous sommes dans une coalition. Cela signifie que des forces politiques qui ne sont pas d’accord sur tout travaillent ensemble », ajoute-t-il notamment à propos des points d’achoppement entre Michel Barnier et les députés EPR.
Une interview « juste et responsable », juge Gabriel Attal
Ces propos ont suscité un concert de louanges de ces derniers, et particulièrement de leur président, Gabriel Attal, qui, sur la plateforme X, juge l’interview de M. Armand « juste et responsable ». Avec les députés du groupe EPR, « nous continuons à défendre la compétitivité de notre économie au service de l’emploi. Des chemins alternatifs à la hausse des charges existent. Merci au premier ministre et au gouvernement pour leur écoute, le travail se poursuit avec eux », assure l’ancien locataire de Matignon.
M. Attal a republié en même temps un autre message sur X du groupe des députés EPR, qui ont salué l’interview juste après sa parution, arguant que « nous ne pouvons prendre le risque d’augmenter le coût du travail ».
Dans l’interview, M. Armand juge « irresponsable » tout « pseudo-chantage à la démission », au cas où ses demandes ne seraient pas entendues, et rappelle que M. Barnier « a toujours ouvert la porte à des ajustements en contrepartie de propositions d’économies ».
Le risque de la motion de censure
Il évoque parmi ces possibles économies le durcissement des conditions d’assurance-chômage, déjà proposé au printemps. Il rappelle qu’il est favorable à « un débat sur le temps de travail », à « toucher au train de vie de l’Etat », ou au transport sanitaire en taxi, « qui coûte 3 milliards d’euros par an à l’Assurance-maladie. Soit 50 000 euros par an et par taxi ».
Il semble espérer que la motion de censure qui découlerait d’un recours à l’article 49.3 de la Constitution par le gouvernement sur le budget ne serait pas adoptée, alors que Marine Le Pen menace actuellement de s’y associer. « Comment les Français pourraient comprendre que des oppositions qui ne partagent à peu près rien, voteraient pourtant ensemble une motion de censure, mettant de fait la France sans budget et sans gouvernement à la veille de Noël ? », s’interroge-t-il.
Questionné sur le président des députés du parti Les Républicains (groupe La droite républicaine), Laurent Wauquiez, qui irrite régulièrement le groupe EPR, Antoine Armand juge que la situation politique « est trop inédite pour avoir des états d’âme. Si parfois certains ont des méthodes, des postures ou des prises de position qui font réagir, ne tombons pas dans le piège ».
Le Monde avec AF