France Info : Santé mentale : quatre ans après le confinement, 41 % des étudiants présentent des symptômes dépressifs, selon une étude
La santé mentale des jeunes s’est aggravée depuis le confinement, selon une étude de l’université de Bordeaux, que révèle jeudi France Inter.
Article rédigé par franceinfo Radio France
Publié le 14/03/2024
Quatre étudiants sur dix (41 %) présentaient des symptômes dépressifs en 2023, contre 26 % avant la crise sanitaire, selon une étude* de l’université de Bordeaux, que révèlent jeudi 14 mars France Inter et l’hebdomadaire Marianne, quatre ans jour pour jour après le confinement général qui avait débuté dans toute la France pour tenter d’enrayer l’épidémie de coronavirus. Depuis, la santé mentale des jeunes s’est aggravée, au point que les idées suicidaires des 18-24 ans sont passées de 21 % avant le Covid à 29 % en 2023.
Pour expliquer leurs angoisses, les étudiants interrogés évoquent les difficultés économiques, les études de plus en plus sélectives et stressantes ou encore le chômage. Certains facteurs sociétaux jouent également sur le moral des jeunes. Presque tous citent le contexte géopolitique avec les conflits internationaux ainsi que le dérèglement climatique, qui rend leur futur toujours plus incertain.
"Beaucoup de déni et de stigmatisation"
L’épidémiologiste Mélissa Macalli, qui a mené cette étude, constate que "ces jeunes sont en grande difficulté pour retrouver leur état psychique d’avant l’épidémie, qui était [d’ailleurs] plutôt délétère". Elle considère également qu’il faut "banaliser la question de la santé mentale avec les jeunes puisqu’on sait qu’il y a beaucoup de déni et de stigmatisation autour de la santé mentale".
Dans sa déclaration de politique générale, le 30 janvier dernier, le Premier ministre Gabriel Attal assurait vouloir faire de la santé mentale des jeunes une "grande cause de l’action gouvernementale". Mélissa Macalli juge "encourageant" d’inscrire la santé des jeunes parmi les priorités de l’exécutif. Mais l’épidémiologiste affirme que "pour régler les problèmes et faire véritablement quelque chose pour l’amélioration de la santé mentale des jeunes", il faut davantage de "psychologues et de psychiatres".
Un chef de service psychiatrique d’un hôpital parisien estime ainsi qu’il est temps de mettre les moyens, "beaucoup de moyens". "Si on ne met pas le paquet maintenant, on aura affaire à une génération sacrifiée dans quelques années", redoute-t-il.
Méthodologie : L’étude de l’université de Bordeaux sur la santé mentale des étudiants a été réalisée auprès d’étudiants via des questionnaires en ligne en 2023. Les chercheurs ont ensuite comparé leurs résultats avec une précédente étude effectuée avant la crise sanitaire du Covid-19.