PLFSS 2026

Liberation.fr : Frais de santé en hausse, gel des pensions… Le projet de budget fait trinquer les retraités

il y a 2 semaines, par infosecusanté

Liberation.fr : Frais de santé en hausse, gel des pensions… Le projet de budget fait trinquer les retraités

Reprenant les grandes lignes dessinées par François Bayrou, le projet de loi de finance pour 2026 et celui de la Sécurité sociale n’épargnent pas les retraités. Le gel du « minimum vieillesse », surtout, devrait occuper les débats lors de l’examen des textes budgétaires.

ParMargo Magny

Publié le 17/10/2025

« La pilule [du budget] est particulièrement violente pour les retraités. » Jeudi, la numéro 1 de la CGT, Sophie Binet, annonçait une journée de mobilisation des retraités le 6 novembre, pour protester contre le projet de loi de finance bientôt examiné. « Ce budget est très dangereux. Il faut absolument le modifier en profondeur », alertait la secrétaire générale. Plusieurs mesures liées à la hausse des frais de santé présentes dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) sont aussi pointées par la syndicaliste.

« Ça va être les premières victimes de cette explosion des frais de santé car ce sont eux qui ont besoin de se soigner le plus », insiste Sophie Binet. Parmi les mesures d’économies sur la table : une contribution de 2,05 % sur les cotisations des complémentaires santé – dans les tuyaux depuis plusieurs mois – grâce à laquelle l’exécutif prévoit de dégager environ un milliard d’euros. « Avec cette taxe, les mutuelles devraient soit augmenter leurs tarifs soit ajuster les couvertures et donc le reste à charge pour les patients », explique le directeur de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), Xavier Timbeau. Et nombreux sont les patients retraités exposés à ces dépenses contraintes. 7,1 milliards d’économies sont prévues dans le champ du budget de la santé, notamment un serrage de vis sur les affections de longue durée, qui concerne – là encore – beaucoup de retraités.

« Il y aura un impact sur le pouvoir d’achat »
Le locataire de Matignon, Sébastien Lecornu, entend aussi faire appliquer le doublement des franchises médicales et participations forfaitaires, soit des sommes déduites directement par la Sécurité sociale lors des remboursements de médicaments prescrits et des consultations chez un médecin. Là aussi, « il y aura un impact sur le pouvoir d’achat de tous, mais surtout des retraités », pointe le directeur de l’OFCE. La nouvelle ministre de la Santé, Stéphanie Rist, a tenté de rassurer vendredi 17 octobre sur France 2, assurant que les mesures prévues dans le budget seraient débattues et que son travail serait de « protéger les plus fragiles ».

Une autre évolution figurait déjà dans les propositions de François Bayrou : la suppression de l’abattement forfaitaire de 10 % sur les pensions de retraite remplacé par un montant forfaitaire de 2 000 euros déductible des pensions de retraite perçues par chaque membre du foyer fiscal. Avec cette modification, selon Xavier Timbeau, « les retraités percevant moins de 20 000 euros de revenus annuels devraient payer un petit peu moins d’impôts sur le revenu, mais les plus aisés verront leur fiche d’impôt grimper ». Beaucoup de retraités aux petites pensions n’étant pas imposables, ceux concernés par une baisse de fiscalité ne paieraient en fait que quelques euros d’impôt en moins.

La copie budgétaire présentée mardi reprend aussi « l’année blanche » évoquée cet été par François Bayrou. La méthode est la suivante : ne pas indexer les prestations sociales et les pensions de retraite sur l’inflation l’an prochain et geler le barème de l’impôt. En ce qui concerne les pensions de retraite : la casse devrait toutefois être limitée sur le pouvoir d’achat des retraités, « car l’inflation ne devrait pas s’élever à plus d’1,3 % en 2026 », temporise le directeur de l’OFCE.

Protéger le « minimum vieillesse »
Si la faible inflation amortit le choc du gel des pensions de retraite sur les portefeuilles, l’indexation du « minimum vieillesse » sur cette dernière a une importance, surtout pour les plus modestes. Les retraités concernés vivants seuls perçoivent 12 411,44 euros par an, maximum. « Tous les minima sociaux sont pour l’instant gelés dans ce budget alors que leur indexation coûterait environ 300 millions d’euros par an, ce qui n’est pas énorme sur les 30 milliards d’économies voulues », souligne Xavier Timbeau, selon qui le gel du minimum vieillesse pourrait être revu « pendant les discussions parlementaires via des amendements déposés par la gauche ».

Après avoir obtenu la suspension de la réforme des retraites, et évité la censure au gouvernement Lecornu II, les socialistes – qui ont en quelque sorte permis l’examen du budget – devront tenter de protéger « les retraités qui y sont pénalisés », annonce le député PS Arthur Delaporte. Parmi les points prioritaires que le parti prévoit d’amender : « Le gel du minimum vieillesse, son indexation étant trop importante pour que les plus pauvres puissent compenser l’inflation. »

Cerise sur le gâteau, la mise sur pause de la réforme Borne a aussi une conséquence inattendue – et désagréable – pour 14 millions de retraités : la non-revalorisation de leurs pensions complémentaires privées cette année. Ce vendredi, les partenaires sociaux, qui pilotent les régimes Agirc-Arrco n’ont pas réussi à trouver un accord. Le patronat a fait valoir que le gel – même temporaire – de l’âge légal de départ à 62 ans et 9 mois brouillait la situation financière du régime, arguant qu’il aurait pour conséquence d’augmenter le nombre de pensions à verser et de baisser le nombre de cotisants…