La santé au travail. Les accidents de travail et maladies professionnelles

Le Monde.fr : Les risques psychosociaux pèsent sur l’absentéisme

il y a 1 semaine, par infosecusanté

Le Monde.fr : Les risques psychosociaux pèsent sur l’absentéisme

Deux études récentes montrent le rôle croissant des RPS à l’origine d’arrêts maladie de plus en plus fréquents. Les salariés mettent de plus en plus de temps à récupérer. Les jeunes et les manageurs sont particulièrement affectés.

Par Frédéric Brillet

Publié le 04/07/2025

La 17e édition du baromètre de l’absentéisme et de l’engagement du cabinet Ayming, publiée le 13 juin, relève que les salariés français ont été malades 23,3 jours par an en 2024, contre 12 en 2012. Cette forte augmentation a été mesurée en interrogeant 1 000 professionnels des ressources humaines (RH) du secteur privé. Et 49 % des sondés déclarent l’absentéisme élevé, voire très élevé, dans leur entreprise. Ainsi, 55 % des acteurs RH estiment ne pas avoir les bons indicateurs, voire ne pas en avoir du tout, pour le réduire.

Le vieillissement de la population active ne suffit pas à expliquer ce phénomène, qui coûte 4 000 euros par an et par salarié aux organisations, selon le Conservatoire national des arts et métiers. Les professionnels RH qui ont répondu au baromètre mentionnent, par ordre décroissant d’importance des causes de l’absentéisme : les maladies non professionnelles, la démotivation et l’insatisfaction professionnelle, des problèmes personnels, les accidents du travail et le burn-out.

Autant de causes susceptibles d’affecter le moral et la santé mentale des collaborateurs. Parce qu’il occasionne un report de la charge de travail, l’absentéisme dégrade en effet les conditions de travail, le climat social et la motivation, engendrant un cercle vicieux qui nourrit les risques psychosociaux (RPS).

Le groupe de protection sociale Malakoff Humanis dresse le même constat dans son baromètre annuel sur l’absentéisme 2025 publié le 5 juin. Cette étude auprès d’échantillons représentatifs de dirigeants d’entreprise et des salariés du secteur privé montre d’abord que 51 % de ceux qui jugent moyenne ou mauvaise leur santé mentale ont subi au moins un arrêt dans l’année, contre 42 % pour l’ensemble de l’échantillon.

« Les salariés tardent à consulter »
Avec 15 % des arrêts prescrits en 2024, les affections mentales constituent désormais la deuxième cause d’absentéisme pour raison médicale, derrière les maladies ordinaires (45 %), mais devant les accidents du travail (13 %) et les troubles musculo-squelettiques (11 %). « La parole s’est libérée. Les salariés, notamment les jeunes, n’hésitent plus à consulter sur ce motif. Cela a aussi contribué à l’inflation des arrêts », précise Anne-Sophie Godon-Rensonnet, directrice accompagnement et prévention en entreprise à Malakoff Humanis.

Le baromètre pointe en priorité les contextes professionnels difficiles : 34 % des salariés arrêtés pour un problème de santé mentale invoquent les exigences de leur travail, 25 % le management, 23 % l’environnement et les rapports sociaux au travail, 19 % des difficultés de conciliation entre vie privée et vie professionnelle et 17 % des difficultés psychologiques personnelles.

Non seulement les arrêts liés aux RPS deviennent plus fréquents, mais encore les salariés concernés mettent plus de temps à récupérer. « Les symptômes de ces maladies demeurent longtemps invisibles. Les salariés tardent à consulter et s’arrêtent quand leur santé mentale est très dégradée. Leur rétablissement prend donc plus de temps, d’autant que ces maladies sont compliquées à soigner », analyse Mme Godon-Rensonnet.

Certaines catégories de salariés sont plus affectées que d’autres. Dans le baromètre Malakoff Humanis, 49 % des 18-30 ans, 53 % des manageurs, 51 % des aidants et 52 % des handicapés ont été arrêtés pour des troubles psychiques en 2024, contre 42 % de l’ensemble des salariés. Autant de profils fragilisés pour diverses raisons : les jeunes subissent davantage la précarité, les aidants vivent des situations familiales complexes, les manageurs soumis à la double pression de la gestion des équipes et de leur hiérarchie sont plus exposés au burn-out…

Comment y remédier ? A Malakoff Humanis comme à Ayming, les experts insistent sur le rôle-clé de la prévention et de la détection précoce, sur la nécessité d’agir sur l’organisation du travail et le management. Les entreprises qui investissent dans la qualité de vie au travail et les soins obtiennent d’ailleurs des résultats. « Sur les arrêts liés à la santé mentale dépassant le mois, nous constatons qu’un accompagnement psychologique accélère le retour à l’emploi et réduit de 71 jours la durée d’absence par rapport à des situations similaires sans accompagnement », détaille Anne-Sophie Godon-Rensonnet.

Frédéric Brillet