Le droit de mourir dans la dignité

France Info : "Le patient peut changer d’avis au dernier moment" : pourquoi les malades d’Alzheimer sont exclus du dispositif de l’aide à mourir

il y a 2 semaines, par infosecusanté

France Info : "Le patient peut changer d’avis au dernier moment" : pourquoi les malades d’Alzheimer sont exclus du dispositif de l’aide à mourir

Des députés ont tenté d’introduire, lundi soir, un élargissement de l’accès à l’aide à mourir aux patients qui ne sont plus lucides, mais qui ont fait des directives anticipées, dans la proposition de loi, sans succès.

Article rédigé par Solenne Le Hen Radio France

Publié le 20/05/2025

Un patient atteint d’un Alzheimer avancé pourra-t-il prétendre à l’aide à mourir ? Ce n’est pas prévu par la proposition de loi instaurant une aide à mourir en France. Pourtant, lundi 19 mai, des députés ont tenté de l’introduire dans le texte, sans succès, alors que le débat portait sur les conditions nécessaires pour être éligible à l’aide à mourir.

Le texte sur l’aide à mourir fixe d’importantes conditions pour y être éligible. Il impose notamment que le patient soit "apte à manifester sa volonté de façon libre et éclairée". Ce critère exclut donc les malades d’Alzheimer, ou les personnes plongées dans un coma irréversible.

En effet, "le patient peut au dernier moment changer d’avis et c’est extrêmement important qu’on soit en capacité d’écouter ce changement d’avis", souligne la ministre de la Santé Catherine Vautrin. Les personnes qui auraient fait la demande d’aide à mourir et qui, quelques jours ou quelques mois plus tard seraient tombées dans le coma ou n’auraient plus toute leur tête, leur lucidité, sont donc exclues de ce dispositif.

"Directives anticipées"
Un terme est étroitement lié au sujet : celui de "directives anticipées". Elles permettent à une personne d’indiquer quels soins elle souhaite recevoir si son état ne lui permet plus de s’exprimer. Certains députés souhaitent que les patients puissent y inscrire leur souhait de bénéficier d’une aide à mourir. D’autres, à l’inverse, veulent en exclure explicitement la possibilité de demander l’euthanasie.

"Si je perds la pleine capacité de discernement, je souhaite que les vœux que j’ai mis dans mes directives anticipées puissent être entendus", avance Danielle Simmonnet, députée du groupe Ecologiste et social, dans l’hémicycle. "Ouvrons ce droit pour que nul ne soit condamné à une fin de vie non choisie, dans des conditions contraires à sa volonté", renchérit la députée LFI Karen Erodi. Réponse d’Olivier Falorni, député Modem rapporteur du texte : "Je reste vraiment convaincu de la nécessité de rester sur l’équilibre actuel du texte et je vous invite à retirer vos amendements."

Sa demande a été entendue puisqu’une partie des députés favorables à une ouverture plus large à l’aide à mourir y a renoncé, le but étant d’éviter de braquer les oppositions pour réussir à faire passer la loi lors du vote final.