L’Anticapitaliste Hebdo : Déserts médicaux : Vite, un service public de santé de proximité !
Commission santé sécu social du NPA
Hebdo L’Anticapitaliste - 752 (1/05/2025)
Plus de 6 millions de personnes, dont 650 000 patientEs en affection de longue durée, sont privées de médecin traitant. 87 % des territoires sont en situation de pénurie médicale. La médecine libérale est à bout de souffle face aux pathologies chroniques, au vieillissement de la population, aux inégalités sociales de santé.
Former plus et mieux des médecins, pour un service public de santé de proximité, partout sur le territoire, voilà ce qu’une gauche de rupture devrait porter dans ce débat où fleurissent les fausses solutions. Les déserts médicaux sont des déserts tout court ! Une solution efficace doit donc combiner retour des services publics, du travail, de la culture sur tous les territoires ; mise en place d’un service public de santé de proximité, en commençant par les déserts médicaux ; et réforme des études médicales pour former 16 000 médecins par an, au plus près des territoires, car toutes les études montrent qu’on s’installe là où on se forme et on vit.
Le plan Bayrou, même pas efficace
Pour désamorcer la grève des internes contre la loi Garot, Bayrou dégaine un nouveau plan : deux jours par mois dans les déserts pour les médecins des zones surdenses. « Médecins solidaires » organise depuis longtemps l’envoi pendant une semaine de volontaires dans ces déserts médicaux. Bravo ! Mais comment trouver des remplaçantEs ? On ne forme pas assez de médecins ! Beaucoup choisiront de payer les pénalités plutôt que d’abandonner leur cabinet surchargé. Pas à la hauteur.
86 % des FrançaisEs sont favorables à une régulation de l’installation. Mais une meilleure répartition de la pénurie, indispensable, ne suffira pas. D’autant que la loi transpartisane Garot, de LFI aux LR, est bien timide. C’est seulement sur 13 % du territoire, les plus dotés, qu’il faudra l’accord de l’ARS pour s’installer. Sauf si on remplace un médecin qui part à la retraite, le cas le plus fréquent. Un changement à la marge qui fait bondir les syndicats médicaux ultra-libéraux et le Conseil de l’Ordre. À noter que le RN « défenseur de la ruralité » a voté contre toute régulation de l’installation.
Faire alliance autour de la fin de la médecine libérale
Faute de proposer un autre mode d’exercice, cette loi jette dans les bras des libéraux une jeune génération qui n’y voit qu’aggravation des 11 années d’exploitation qu’elle subit : un concours et une formation maltraitante, un salaire étudiant moyen à 400 euros, des gardes à 54 euros, une semaine moyenne de 58,4 heures pour les internes, l’allongement à 4 ans des études de médecine générale sans projet de formation. Avec 24 % d’entre eux et elles qui ont des idées suicidaires. Non, les internes ne sont pas des enfants gâtéEs qui refusent la lutte contre les déserts médicaux.
Pour la gauche, il aurait fallu bâtir avec eux une alliance autour du droit à la santé pour touTEs, partout, qui inclut une régulation de l’installation et la fin de la médecine libérale, en échange d’une amélioration immédiate des conditions de formation et de vie des internes, et la promesse d’un investissement massif dans une nouvelle forme de médecine de proximité, avec du temps pour vivre et soigner. Un chemin étroit, mais indispensable, avec pour horizon un service public de santé de proximité, pluridisciplinaire, prenant en charge le soin, la prévention comme une priorité, les petites urgences. Un lieu de formation des internes sur tous les territoires, à l’opposé de la formation centrée sur le CHU. Un service public de santé qui épargne du temps médical, avec la fin de nombreuses tâches administratives et un travail en équipe, en lien avec l’hôpital public, financé et géré démocratiquement par une Sécu reconquise, avec un 100 % sécu assurant la gratuité des soins.
Commission santé sécurité social