Le Figaro.fr : Âge légal, pénibilité, carrière des femmes : le « conclave » sur les retraites acte une nouvelle feuille de route
Par Jean Cittone
Publié le 3 avril 2025
Après le départ de plusieurs organisations, les partenaires sociaux chargés de travailler à une amélioration de la réforme des retraites se sont mis d’accord sur un « document d’objectifs » en commun, qui devrait être officialisé dans les jours à venir.
Ce n’est pas une fumée blanche mais c’est déjà un bon signe. Ce jeudi, à l’issue d’une réunion de plus de quatre heures, les partenaires sociaux membres de la délégation paritaire permanente - le « conclave » chargé par François Bayrou de travailler à des améliorations de la réforme des retraites de 2023 - se sont mis d’accord sur une feuille de route commune, qui doit être maintenant finalisée d’ici la semaine prochaine.
Un premier semblant de réussite, ce qui était encore récemment très loin d’être garanti pour ce conclave en format réduit, ébranlé par le départ de plusieurs organisations et par les déclarations de François Bayrou sur l’impossibilité d’un retour en arrière sur la retraite à 64 ans, considérées par les syndicats comme une trahison de la promesse d’une discussion « sans tabou ». En se mettant d’accord sur un horizon commun, les partenaires sociaux semblent vouloir montrer que le conclave n’est pas mort.
« C’est un signe important que le texte soit finalisé ce soir », se réjouit Yvan Ricordeau, numéro 2 de la CFDT. « On a un cadre de discussion clairement relancé. » Cette feuille de route va comporter trois entrées, annonce le syndicaliste. Le retour à l’équilibre du régime serait en premier lieu « un incontournable de part et d’autre de la table » à horizon 2030. Ce « document d’objectifs » devrait également fixer des indicateurs pour les semaines à venir. Enfin, il s’agit de mettre en avant quatre principales pistes d’améliorations : l’âge et la durée de cotisation, la pénibilité, les carrières des femmes et l’emploi, avec « un accent fort sur l’emploi des seniors », selon la CFDT.
L’enjeu du financement de la protection sociale
Diane Milleron-Deperrois, membre du comité exécutif du Medef, tempère quelque peu ce propos, affirmant que les partenaires sociaux ont « partagé un projet de texte autour de grandes thématiques », lequel doit encore être formulé précisément puis validé par les différentes organisations en interne. La CPME voit quant à elle cette feuille de route comme un bon signe, précisant toutefois qu’elle « ne préempte pas » les décisions qui seront prises sur les différents sujets, explique Éric Chevée, vice-président de la CPME.
Cette feuille de route commune devrait en outre prévoir un travail sur le financement de la protection sociale, un souhait de longue date du Medef, mais loin d’être partagé par tous. « C’est cité comme un des objectifs auquel on s’astreint, cependant ça ne sera pas dans la délégation paritaire permanente mais dans un cadre qu’il faut qu’on définisse », temporise Yvan Ricordeau. Léonard Guillemot, chef de file sur les questions d’assurance-maladie à la CFTC, ne croit pas quant à lui qu’il soit possible en l’état d’étudier un sujet aussi important sans tous les acteurs concernés par ce sujet. La CFTC, minoritaire, n’a donc pas participé « à la modification et à la rédaction du texte », précise-t-il. Malgré cette première feuille de route commune à venir, les partenaires sociaux sont donc encore loin de parler d’une seule voix.