Liberation.fr : Devant les députés, Bayrou cajole le secteur de la santé
Le Premier ministre s’est efforcé de donner des gages à la gauche lors de son discours de politique générale, proposant une hausse des crédits alloués au secteur, et annulant la baisse de la part des consultations médicales et des médicaments remboursée par la Sécurité sociale.
par Nathalie Raulin
publié le 14 janvier 2025
Il a fallu attendre la toute fin de son discours de politique générale pour avoir un aperçu des intentions de François Bayrou en matière de santé. Mais pour la gauche, c’est plutôt une bonne surprise. Car le Premier ministre répond favorablement à plusieurs de ses injonctions. Et d’abord sur l’hôpital public. « L’hôpital connaît une crise financière plus que préoccupante », a reconnu Bayrou, tout en annonçant son intention de proposer une hausse de 3,3 % de l’Ondam – soit les crédits alloués au secteur – dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025. De quoi rassurer les directions hospitalières, vent debout contre la copie présentée par Michel Barnier en octobre.
Pour cause, une fois défalquée l’inflation et le rattrapage de cotisations retraites, les hôpitaux devaient se contenter d’une hausse de seulement 0,2 % de leur budget réel. Une enveloppe très insuffisante pour satisfaire la progression naturelle des besoins de santé de la population vieillissante. Sans même parler des grandes opérations d’investissements programmées. Pour le Premier ministre, il est d’ailleurs temps d’inscrire le développement de l’hôpital dans le temps long. « Il faut passer à une logique de financement pluriannuel », martèle-t-il, accédant ainsi au souhait récurrent de la fédération hospitalière de France.
Bayrou n’en reste pas là. Soucieux de donner aux socialistes suffisamment de grain à moudre pour justifier une non-censure de son gouvernement, le Premier ministre revient sur une autre décision très critiquée de son prédécesseur mais censée permettre une économie d’un milliard d’euros : la baisse de la part des consultations médicales et des médicaments remboursée par la Sécurité sociale. « Cela ne sera pas repris », promet le Palois. Une annonce saluée par un tonnerre d’applaudissements.